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jeudi 12 mai 2016, par
Quelques articles permettent de mieux cerner l’œuvre et la personnalité du compositeur.
Dictionnaire de la Musique
Dinant 12.2.1899, Bruxelles 22.2.1938, compositeur belge.
Sa disparition prématurée constitue sans doute la plus grande perte qu’ait faite la musique belge depuis Lekeu, mort à 24 ans.
Après des études complètes au Conservatoire de Bruxelles où, tardivement, il devait être professeur d’harmonie, deux Prix allaient, la même année 1924, le mettre en vedette : le Prix Coolidge pour sa Sonate pour piano et violon et le Prix Ojay Valley pour son 1er Quatuor à cordes (1927), une Suite pour instruments à vent (1929) et un Trio à cordes (1935). Mais le message presque prophétique de ce musicien, dont l’existence ne fut qu’une longue lutte contre le destin, c’est dans deux œuvres d’orchestre qu’il faut le chercher : Chant funèbre (1926) avec violoncelle, Chant d’angoisse (1930). À l’exception du 2ème Quatuor, paru chez Schott-Brux., l’œuvre d’Albert Huybrechts est éditée par le CeBeDem.
Edition BORDAS, 1970
Dictionnaire Robert Laffont
Compositeur belge (Dinant, 12 février 1899 ; Woluwé Saint-Pierre, près de Bruxelles, 21 février 1938).
Il fait ses études au Conservatoire de Bruxelles avec Martin LUNSSENS, Paulin MARCHAND, Léon DUBOIS et Joseph JONGEN. En 1926, il se fait connaître sur la scène internationale en remportant deux prix américains, le Prix Elizabeth Sprague Coolidge de la Library of Congress pour sa Sonate pour violon et piano et le Prix d’Ojai Valley, en Californie pour son Quatuor à cordes. En 1937, il est nommé professeur au Conservatoire de Bruxelles, mais il meurt prématurément à la suite d’une grave attaque d’urémie. Il a composé dans un langage au modernisme judicieux, assaisonné de dissonances prudentes.
œuvres :
Musique pour orchestre
- 2 poèmes symphoniques : « David » (1923) et « Poème féerique » (1923)
- « Chant funèbre » pour violoncelle et orchestre (1926)
- Sérénade (1929)
- « Chant d’angoisse » (1930 ; son œuvre la plus marquante)
- Nocturne (1931)
- Divertissement pour cuivres et percussion (1931)
- Concertino pour violoncelle et orchestre (1932)
Musique de chambre et instrumentale
- 2 quatuors à cordes (1924 & 1927)
- Sonate pour violon et piano (1925)
- Trio pour flûte, alto et piano (1926)
- Sextuor pour flûte et quintette à vent (1927)
- Suite pour flûte, hautbois, clarinette, basson et piano (1929)
- Choral pour orgue (1930)
- Sicilienne pour piano (1934)
- Pastourelle pour violoncelle et piano (1934)
- Sonatine pour flûte et alto (1934)
- Trio à cordes (1935)
- Quintette à vent (1936)
Et des mélodies dont la plus connue s’intitule « Horoscopes » (1926). Un catalogue de ses œuvres a été publié par le Centre belge de documentation musicale.
Robert Laffont (1995) - Collection Bouquins
Encyclopédie de la musique
Compositeur belge (Dinant 12.2.1899 - Bruxelles 22.2.1938). Élève du conservatoire de Bruxelles, critique à la Musical America dep.1932, brièvement professeur au conservatoire de Bruxelles (1937), il mourut prématurément. On lui doit de la musique symphonique, de chambre, d’orgue, de piano, des mélodies.
Musical America
Albert Huybrechts en 1926
Washington, Sept. 4.
A prominent feature of the forthcoming Chamber Music Festival to be given under the auspices of the Library of Congress Music Division, on Oct. 7,8 and 9, in the intimate auditorium given by Elisabeth Sprague Coolidge, will be the appearances of the Pro Arte String Quartet of Brussels.
This organization, coming to the United States on the invitation of the Coolidge Foundation, will appear under the auspices of the Belgian Ambassador. Its members will give a number of free admission concerts on Oct. 13 at the Fifty-eight Street branch of the New York Public Library, and an other, Oct. 17, in the Boston Public Library.
A feature of the Friday morning (Oct. 8) program will be the first performance anywhere of Albert Huybrechts’s Sonata for violin and piano, the Elizabeth Sprague Coolidge prize composition for 1926. Mr. Huybrechts (shown at the right) is also a Belgian only twenty-seven years old. He began his serious work of composing some ten years ago, having studied at the Royal Conservatory in Brussels-harmony under Lunssens, counterpoint under Marchand, composition with Dubois and Jongen (another composer represented on the festival program). His compositions include a string quartet that won the Ojai Festival prize of $1,000, a biblical poem, David for orchestra, several songs and shorter instrumental numbers.
Extrait de « Musical America », 11 septembre 1926
Maurice van Volsem
Né à Dinant, le 12 février 1899, dans une petite maison de la rue d’Enfer (!), rebaptisée, depuis « rue Albert Huybrechts ».
Son père, violoncelliste d’orchestre, qui n’avait pas décelé ses qualités exceptionnelles, lui imposa l’étude du hautbois, dans le seul souci d’assurer à son fils un moyen de subsistance. Bien que le hautbois ne répondit nullement aux ambitions du jeune garçon, Albert obtint, à l’âge de 16 ans, son 1er prix de hautbois. Cinq années, plus tard, au décès de son père, le jeune musicien se retrouve seul face à l’adversité. Il assumera avec un courage admirable toutes ses responsabilités de soutien de famille tout en poursuivant parallèlement ses études musicales, en donnant des leçons et en faisant du travail d’orchestre.
Les difficultés, la vie harassante qu’il subit marquent profondément le jeune artiste par un sentiment d’injustice qui le poursuivra toute sa vie et s’exprimera avec vigueur dans ses créations. Albert Huybrechts, trouve refuge dans l’art et la composition. Ses difficultés sociales le poussent à s’y exprimer avec violence et agressivité. Par sa musique, il veut troubler, inquiéter... D’abord fort impressionné par les écritures fluides et raffinées de Ravel et de Debussy, et aussi par son professeur Joseph Jongen, Albert Huybrechts compose son 1er quatuor en s’inspirant de ces compositeurs. Mais l’amertume, induite par ses difficultés à s’inscrire dans une vie sociale harmonieuse, le pousse à s’exprimer avec force et âpreté. C’est dans cet état d’esprit que le jeune Albert approche d’autres artistes : Alban Berg, Ernest Bloch, Arthur Honegger, Béla Bartók, Arnold Schönberg, Darius Milhaud, Igor Stravinsky. Les moyens techniques innovés par ces artistes séduisent Albert Huybrechts. Il va puiser dans ce renouveau de l’architecture musicale les moyens de communiquer ses tourments intérieurs. Tout l’art de Huybrechts réside dans la totale indépendance d’un homme libre de tout système, de toute doctrine, qui ne souhaite que l’expression pure et authentique de son vécu.
Le grand tournant de sa carrière est marqué en 1925 par sa célèbre Sonate pour violon et piano qui est un chef-d’œuvre et qui lui vaudra quelques mois plus tard, en Amérique, le prix musical le plus envié du monde, le Prix Coolidge, qui est un peu à la musique ce qu’est le Prix Nobel à la littérature. Quinze jours plus tard, le Festival d’Ojay Valley lui décerne son 1er Grand Prix pour son 1er quatuor à cordes.
Nullement influencé par ces titres de gloire, et fidèle à son tempérament discret et à sa naturelle modestie, Albert Huybrechts, poursuit son œuvre en ignorant les honneurs et en méprisant les mondanités.
En 1937, Joseph Jongen, Directeur du Conservatoire de Bruxelles nomme finalement Albert Huybrechts professeur d’harmonie dans cet établissement. Sa carrière de professeur vient à peine de débuter, qu’il est emporté par une crise aiguë d’urémie, il décède le 22 février 1938, à Woluwé-Saint-Pierre.
Souvent critiqué par ses contemporains - mais n’est-ce pas là le sort des grands artistes ? - l’art de ce compositeur de génie est finalement de plus en plus apprécié et reconnu. Le musicien apparaît, enfin, comme un être d’une extrême sensibilité, comme le traducteur de l’ « humain » et comme l’artiste de la sincérité.
Extrait du livret, Syrinx Record, CSR 98101
Robert Wangermée
Albert HUYBRECHTS est né à Dinant le 12 février 1899, il est décédé à Bruxelles le 21 février 1938. Il fit ses études musicales complètes au Conservatoire Royal de Musique de Bruxelles. En 1937 il fut professeur d’harmonie, pendant quelques mois, avant d’être emporté inopinément.
Il avait très tôt attiré l’attention du monde international en remportant coup sur coup en Amérique : le Prix Coolidge 1926 (alors célèbre par la renommée grandissante des précédents lauréats tels que Ernest BLOCH et Francesco MALIPIERO) pour sa Sonate pour violon et piano et le Grand Prix du Festival d’Ojay Valley 1926 pour son Premier quatuor à cordes. Ce double succès le révèle rapidement et, en 1930, il participe avec son Deuxième quatuor à cordes au 5ème Festival de Musique Contemporaine, où l’œuvre est exécutée par le Quatuor Pro Arte qui en assure la création. À cette époque, il a déjà écrit ses deux poèmes symphoniques David et Poème féerique, sa Sérénade en trois mouvements et le Chant d’angoisse, d’après Léon Bloy, toutes œuvres pour grand orchestre.
Sa production de musique de chambre n’est pas moins importante. En effet, à la Sonate et aux deux Quatuors déjà cités sont venus s’ajouter le Sextuor ; pour instruments à vent, la Suite pour instruments à vent et piano, le Trio pour flûte, alto et piano. Suite à une bourse de voyage que lui a octroyée la Fondation Musicale Reine Elisabeth, il écrit son extraordinaire Divertissement pour cuivres et batterie.
En 1932 il compose les chœurs et la musique de scène pour une reconstitution de l’Agamemnon d’Eschyle. La même année, la grande revue américaine “ Musical America ” lui confie la critique musicale pour la Belgique.
Il fut surtout connu de son vivant par ses œuvres de musique de chambre révélant un monde intime, où la tendresse alterne avec les heurts de l’angoisse. S’il adopte la polytonalité, c’est dans un sens éminemment constructif, parce qu’elle est un enrichissement du vocabulaire musical et lui permet de s’exprimer plus exactement et plus fortement.
Lors de la création posthume de la plupart de ses grandes œuvres pour orchestre, il s’est révélé un symphoniste puissant et original. Les œuvres laissées par HUYBRECHTS ne sont pas nombreuses mais elles suffisent à le classer au premier rang des compositeurs belges contemporains pour la cohérence et la personnalité de leur langage, pour l’authenticité de leur message.